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quittance offerte par Lucien en faisant un geste de nonchalance, et partit en baisant la main à Coralie.
- Eh ! bien mon amour, aurais-tu vu beaucoup de ces chiffons-là, si tu étais resté dans ton trou de la
rue de Cluny à marauder dans tes bouquins de la bibliothèque Sainte-Geneviève ? dit Coralie à Lucien qui
lui avait raconté toute son existence. Tiens, tes petits amis de la rue des Quatre-vents me font l'effet d'être de
grands Jobards !
Ses frères du Cénacle étaient des Jobards ! et Lucien entendit cet arrêt en riant. Il avait lu son article
imprimé, il venait de goûter cette ineffable joie des auteurs, ce premier plaisir d'amour-propre qui ne caresse
l'esprit qu'une seule fois. En lisant et relisant son article, il en sentait mieux la portée et l'étendue.
L'impression est aux manuscrits ce que le théâtre est aux femmes elle met en lumière les beautés et les
défauts ; elle tue aussi bien qu'elle fait vivre ; une faute saute alors aux yeux aussi vivement que les belles
pensées. Lucien enivré ne songeait plus à Nathan, Nathan était son marche-pied, il nageait dans la joie, il se
voyait riche. Pour un enfant qui naguère descendait modestement les rampes de Beaulieu à Angoulême,
revenait à l'Houmeau dans le grenier de Postel où toute la famille vivait avec douze cents francs par an, la
somme apportée par Dauriat était le Potose. Un souvenir, bien vif encore, mais que les continuelles
jouissances de la vie parisienne devaient éteindre, le ramena sur la place du Mûrier. Il se rappela sa belle, sa
noble soeur Eve, son David et sa pauvre mère ; aussitôt il envoya Bérénice changer un billet, et pendant ce
temps il écrivit une petite lettre à sa famille ; puis il dépêcha Bérénice aux Messageries en craignant de ne
pouvoir, s'il tardait, donner les cinq cents francs qu'il adressait à sa mère. Pour lui, pour Coralie, cette
restitution paraissait être une bonne action. L'actrice embrassa Lucien, elle le trouva le modèle des fils et des
frères, elle le combla de caresses, car ces sortes de traits enchantent ces bonnes filles qui toutes ont le coeur
sur la main.
- Nous avons maintenant, lui dit-elle, un dîner tous les jours pendant une semaine, nous allons faire un
petit carnaval, tu as bien assez travaillé.
Coralie, en femme qui voulait jouir de la beauté d'un homme que toutes les femmes allaient lui envier le
ramena chez Staub, elle ne trouvait pas Lucien assez bien habillé. De là, les deux amants allèrent au bois de
Boulogne, et revinrent dîner chez madame du Val-Noble où Lucien trouva Rastignac, Bixiou, des Lupeaulx,
Finot, Blondet, Vignon, le baron de Nucingen, Beaudenord, Philippe Bridau, Conti le grand musicien, tout le
monde des artistes, des spéculateurs, des gens qui veulent opposer de grandes émotions à de grands travaux,
et qui tous accueillirent Lucien à merveille. Lucien, sûr de lui, déploya son esprit comme s'il n'en faisait pas
commerce et fut proclamé homme fort, éloge alors à la mode entre ces demi-camarades.
- Oh ! il faudra voir ce qu'il a dans le ventre, dit Théodore Gaillard à l'un des poètes protégés par la
cour qui songeait à fonder un petit journal royaliste appelé plus tard le REVEIL.
Après le dîner, les deux journalistes accompagnèrent leurs maîtresses à l'Opéra, où Merlin avait une
loge, et où toute la compagnie se rendit. Ainsi Lucien reparut triomphant là où, quelques mois auparavant, il
Etudes de moeurs. 2e livre. Scènes de la vie de province. T. 4. Illusions perdues. 2. Un grand homme de pro
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Illusions perdues. 2. Un grand homme de province à Paris
était lourdement tombé. Il se produisit au foyer donnant le bras à Merlin et à Blondet, regardant en face les
dandies qui naguère l'avaient mystifié. Il tenait Châtelet sous ses pieds ! De Marsay, Vandenesse,
Manerville, les lions de cette époque, échangèrent alors quelques airs insolents avec lui. Certes, il avait été
question du beau, de l'élégant Lucien dans la loge de madame d'Espard, où Rastignac fit une longue visite,
car la marquise et madame de Bargeton lorgnèrent Coralie. Lucien excitait-il un regret dans le coeur de
madame de Bargeton ? Cette pensée préoccupa le poète : en voyant la Corinne d'Angoulême, un désir de
vengeance agitait son coeur comme au jour où il avait essuyé le mépris de cette femme et de sa cousine aux
Champs-Elysées.
- Etes-vous venu de votre province avec une amulette ? dit Blondet à Lucien en entrant quelques jours
après vers onze heures chez Lucien qui n'était pas encore levé. Sa beauté, dit-il en montrant Lucien à Coralie
qu'il baisa au front, fait des ravages depuis la cave jusqu'au grenier, en haut, en bas. Je viens vous mettre en
réquisition, mon cher, dit-il en serrant la main au poète, hier, aux Italiens, madame la comtesse de
Montcornet a voulu que je vous présentasse chez elle. Vous ne refuserez pas une femme charmante, jeune, et
chez qui vous trouverez l'élite du beau monde ?
- Si Lucien est gentil, dit Coralie, il n'ira pas chez votre comtesse. Qu'a-t-il besoin de traîner sa cravate
dans le monde ? il s'y ennuierait.
- Voulez-vous le tenir en charte-privée ? dit Blondet. Etes-vous jalouse des femmes comme il faut ?
- Oui, s'écria Coralie, elles sont pires que nous.
- Comment le sais-tu, ma petite chatte ? dit Blondet.
- Par leurs maris, répondit-elle. Vous oubliez que j'ai eu de Marsay pendant six mois.
- Croyez-vous, mon enfant, dit Blondet, que je tienne beaucoup à introduire chez madame de
Montcornet un homme aussi beau que le vôtre ? Si vous vous y opposez, prenons que je n'ai rien dit. Mais il
s'agit moins, je crois, de femme, que d'obtenir paix et miséricorde de Lucien à propos d'un pauvre diable, le
plastron de son journal. Le baron Châtelet a la sottise de prendre des articles au sérieux. La marquise [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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